mercredi 28 janvier 2009

Une maison

D'abord une maison. Pour écrire. Juste à côté du monde. Juste à côté de moi. Une maison étrange. À la fois très grande et très petite. Qui ne ressemblerait à rien. Avec des tiroirs à ouvrir, des coffres à dépoussiérer, des breloques à effleurer. Une maison qui se transformerait au fil des mots, des histoires. Des briques. Un peu de bois. De la paille peut-être. Une maison ouverte sur le monde. Une maison au toit ouvert.

Un voyage


Il suffirait de gonfler ton ventre. Comme un ballon. Pour bien sentir l'air s'y mouvoir. Il y aurait des vents très chauds. D'autres plus froids. Qui souffleraient en toi. Doucement. Tu glisserais vers l'horizon. Te laisserais dériver. Jusqu'à ce qu'un courant t'accueille dans son sillon. Les marées t'emporteraient. T'abandonneraient parfois. Le temps d'une île. Ou deux. Pour dégonfler ton ventre. Un peu. Puis repartir. Ce serait simple, très simple. Il suffirait de gonfler ton ventre. Comme un ballon.

mardi 27 janvier 2009

Pour écrire - Duras

"Dans la maison c'était au premier étage que j'écrivais, je n'écrivais pas en bas. Après j'ai écrit au contraire dans la grande pièce centrale du rez-de-chaussée pour être moins seule, peut-être, je ne sais plus, et aussi pour voir le parc"

Marguerite Duras - Écrire

Les volcans


Tu écrirais sur les volcans. Du rouge du bleu du jaune. Trois volcans. Une nuit. Des étoiles pour tout le ciel.

Les volcans

Nous avions traversé la vallée. Le regard perdu dans l'infinité de la nuit. Nous marchions lentement, palpant le paysage un pas à la fois. Au loin, le grondement sourd des volcans endormis. Ils respiraient. Des géants. Assoupis. C'était une nuit comme toutes les autres. Une nuit comme nous les aimions. Étendus dans la vallée, nous avions fermé les yeux. Le souffle du vent s'était mêlé à celui des géants. Les étoiles s'étaient éteintes et les volcans, parés de mauve et d'orangé.

lundi 26 janvier 2009

Les volcans

Tu avais chez toi cette vieille commode dont le miroir avait été terni par le passé. Tu aimais en ouvrir les tiroirs, y respirer les effluves du temps, caresser les couleurs d'avant. Tu y aurais passé tes journées. Ouvrir, retrouver, découvrir. Tes tiroirs. Tous sauf un. Fermé à clef. À l'intérieur, trois volcans fumaient, encore.

yael naim


C'était dimanche. Dans la librairie aux coups de cœur, rue Saint-Denis. La voix l'avait touché. La mélodie, ému. Il n'avait pas posé de question. L'avait acheté. Simplement. Puis rapporté à la maison. Pour nos un an. C'était dimanche. Le début d'un nouvel air dans notre petit bout de maison.

samedi 24 janvier 2009

Pour écrire - suite

Tu écrirais du milieu de ton petit monde, entre les pots de caramel et les plantes parapluies, le chant de la bouilloire et les éclats du dehors. Tu mêlerais leurs histoires à la tienne, réécrirais tout, chaque jour, un peu plus. Laisserais son silence à la petite chambre. Te réfugierais ici. Pour que tes mots se colorent, pour que tes mots prennent vie.

Pour écrire - suite

Ce matin-là, tu avais pris avec toi ton carnet, le plus joli, et quelques livres, pour les avoir tout près. Tu avais quitté la petite chambre, ta table, sa fenêtre, le rideau, avais fait craquer le plancher, un pas à la fois, jusqu'à la cuisine.

Pour écrire

Tu aurais cet espace juste pour toi. Un petit coin tapissé de tes images, une grande table, cette immense fenêtre et son rideau fleuri. Un lieu comme tu en aurais toujours rêvé. Une chambre à toi. Avec tes livres jusqu'au plafond et tes boîtes de papiers, de rubans et de brillants tout près, juste au cas.



Et puis,


il nous resterait les matins et leurs morceaux de lumière.

jeudi 22 janvier 2009

Le fil de l'histoire

Toujours, ce gros fil rouge qui réapparaissait. Dans ma poche, noué à mon lacet, puis à l'anse de ma tasse, au café. Et partout, dans la boîte à thé, sous le frigo, dans mon tiroir, ou virevoltant à la fenêtre, ces petits morceaux de souvenirs frippés, décousus, rapiécés. Sur le pas de ma porte, ce matin-là, le facteur avait déposé une enveloppe bleue. Pieds nus dans la neige, je l'avais décachetée, très lentement, et avais vu s'envoler au vent un nuage de petits papiers blancs.

mardi 20 janvier 2009

Le baiser

Elle voulait écrire sur l'amour. Sur ce qui restait de l'amour, de ses amours. Elle voulait écrire sur un amour d'été. Sur un amour passé, avec un peu de présent toutefois. Il y aurait les "te rappelles-tu" et les moments là-bas. Il y aurait le souvenir d'une rencontre, de sourires, d'un bonheur. Mais le baiser, lui, serait au présent.

lundi 19 janvier 2009

La cabane-maison

Nous habitions un petit bout de maison. Tu appelais ça notre cabane-maison. Et ça me faisait rire. Quelques morceaux de murs, un plafond aux mille plic-ploc, du vent entre les orteils... Nous y étions bien. Notre cabane aurait pu être perchée au sommet d'un arbre ou piquée entre deux sapins, la vie n'aurait été que plus belle. Vivre pour jouer ou jouer pour vivre. Dans notre petit bout de monde, le but du jeu, c'était d'être heureux.

dimanche 18 janvier 2009

Et si ...

J'ai cette étrange voisine aux longs cils et aux cheveux un peu gris. Au sourire de princesse et au cœur rempli d'histoires. Une petite fille devenue grande, mais pas tellement quand on y pense. Une princesse tombée dans un monde où le rose manque parfois aux joues.

De mon côté du mur, souvent, je ferme les yeux et tente de deviner ce qu'elle peut bien être en train d'imaginer. C'est dans ces moments qu'un funambule passe son chemin, sur ma corde à linge, ou que là-bas, aux balançoires, un amoureux secret soupire. C'est comme ça, avec Anna. Comme ça.

Et si les princes charmants n'existaient pas pour vrai ...

vendredi 16 janvier 2009

Mon atelier imaginaire * 1

Mon atelier serait bleu, tout bleu. Avec de grandes fenêtres pour laisser passer la lumière. Dehors, il y aurait du ciel, beaucoup de ciel, et de l'eau aussi, jusqu'à très loin, pour mieux voir l'horizon.

Mon atelier serait rempli de vents. Des vents de la mer et de ses ailleurs. Pour faire danser les voiles suspendus aux fenêtres. Des vents du matin et de la nuit aussi. De vents qui sentiraient bon le temps.

mercredi 14 janvier 2009

Janvier

Janvier. Sur ma porte, encore, la décoration de Noël confectionnée par ma mère. Sur ma porte, encore, ces branches de sapin, ces boules éraflées par le froid, ces petits pompons de laine d'il y a si longtemps. J'étais petite. Sur la table de la cuisine, déjà, ma maman ressortait, un peu après la neige, juste avant les lumières, sa boîte de rubans, de boules et de petites figurines de bois. Dans la maison, des effluves d'hiver et des aiguilles vertes partout, sur la table et en dessous aussi. J'étais petite et pourtant. Janvier. Sur ma porte encore ... et jusqu'au printemps, peut-être.

mardi 13 janvier 2009

Tic tac

Il fallait reprendre. Reprendre du tout début. Écrire au plus près, au plus petit. Écrire. Revoir une à une les découpes de l'enfance et les retisser fleuries, puis carrelées, puis lignées. Écrire par petits morceaux, par petits bouts de temps. Par petites étoffes à recoudre serrées avec un gros fil rouge. Il fallait reprendre. Fermer les yeux et retrouver.

dimanche 11 janvier 2009

Tracés

Je colle ton corps contre mon cœur. Sur un mur bleu, ta silhouette. Je te trace jaune, un bout de craie. Je souffle sur toi. Ne t'envoles pas. Contre ton coeur, j'ai vu le jour, s'éteindre là-bas, si près de toi. Puis sur la rue, dans un grand vent, ton soleil vert, s'éparpiller. Au parc, ce soir, des arbres sans feuilles. Et toutes ces branches, piquées d'étoiles. Pour toi, pour moi, la patinoire, mes patins bleus, nos élans blancs. Main dans la main, quelques tracés, et tout un ciel pour dessiner.

Billes et boutons

Je fais des bijoux, depuis quelques temps déjà. Avec des billes, mais des boutons surtout. Les vieux boutons de ma grand-maman disparue, et ceux de mes tantes aussi. Un jour, j'aurai ma propre collection. Ma collection de bijoux de boutons, de bijoux souvenirs. Un jour, vous les retrouverez dans une petite boutique, très loin d'ici, tout près du fleuve. Un jour...

Carnets incongrus

D'abord des mots, des mots si beaux.
Des histoires aussi, par ficelles, par broderies.

Pour une vie tout en contes
De l'amour, de la magie....

Parce que c'est beau, vraiment très beau.

Carnets incongrus.

mercredi 7 janvier 2009

Pour Sissi

Chère Sissi,
J'ai passé de belles vacances aussi. Il y a eu de la neige, et du vent surtout. Dans la cuisine, les guirlandes de lumières restaient allumées jusqu'à bien tard dans la nuit, lorsque même les histoires, épuisées, s'étaient effacées. J'ai enfilé des billes de toutes les couleurs sur des fils infinis, réouvert ma boîte aux poussières et compté un à un les boutons dorés de ma grand-maman disparue. Ça sentait bon le souvenir. Je me suis vite remise de mon vilain rhume. Et j'ai retrouvé mes patins bleus. Ceux avec les lacets brillants. Sur la glace, nous avons tracé de grands cercles blancs et salué les arbres, le nez en l'air. À travers leurs branches, les étoiles nous souriaient. Et nous aussi. Je me suis dit que c'était peut-être ça, les vacances, en venir à sourire aux étoiles, simplement.
À bientôt,
Marie

Où est Lou?

Vous vous inquiétez. Il ne faut pas. Lou n'est pas partie.
Derrière son géant gris, elle attend. Avec ses nuages et ses étoiles.
Elle attend une petite place pour elle.
Et pour laisser grimper ses belles de nuit, aussi.
Avec son papillon, le vent, son coquillage, elle reviendra.
Et Théo, Safran et Pastel aussi.

dimanche 4 janvier 2009

Pour J.

À corps bleuté
tu marches
en nuit libre
.
Écoute
ce rythme chaud
qui te berce
.
respire
.
le roulis de la rivière
le chant du chemin
qui, sans heurts
te ramènera
toujours
ici