mardi 24 mars 2009

Brisures

Une petite fille brisée. Emportée par la mer. Sur la plage, quelques miettes. Des coquillages. Éclats de ciel. Un petit bout de fil. Effiloché. Comme une corde qui ne saurait plus danser. Là-bas, des chants de marelle, quelques couleurs oubliées. Du rose, un peu de vent, la rivière. Mes ongles dans la terre. Et ce ciel d'été. Au café, soir de neige. Une tasse de chocolat dont on aurait oublié de faire chauffer le lait. Gorge sèche. Cœur tremblant. Son sourire lointain. Trop de nuits sur la corde. En équilibre. Seule à deux. L'hiver. Mes cheveux noirs. Tes yeux dans la tempête. «Attends» Le printemps, joues humides. Et la rivière toujours. Mes lèvres crispées tout près du feu. Puis sous l'escalier. «Oublie» Quelques étoiles par temps gris. De la boue sur les joues. Pleurer le rouge des feuilles. Le grincement froid du trampoline. Demain la ville. «Tu viendras?» Derrière, la cabane, le bord de l'eau. Devant, une tour, du béton. Automne.

lundi 23 mars 2009

Tu esquisserais leur corps. Enlacés. Pour retrouver. Cette petite fille éteinte dans les feux de regards trop durs. Ce corps perdu à coups d'élans. De rêves trop blancs.

vendredi 20 mars 2009

La cinquième saison

«Ton lit, perdu dans l'océan des livres dispersés, c'était notre refuge, un peu cabane de l'enfance, ou l'éternel radeau de ces naufrages imaginaires ... Je me souviens du temps qu'on a laissé passer dans l'île de ta chambre»

«Et puis, au fil des pages, on découvrait une maison, baignée de soleils d'hiver, et le bleu et le blanc dansaient sur des choses très simples»

«... comme une odeur de café chaud dans le désordre des couleurs, j'avais ma place au creux de ta cuisine»

«Ta voix glissait sur le silence. Je te regardais de dos: tes gestes lents dans la cuisine, avec la lampe boule en papier rose. Odeurs mêlées de citron, de cannelle, c'était toi dans le rose pâle d'une lampe de papier»

La cinquième saison de Philippe Delerm : à lire
a b s o l u m e n t.

Philippe et le bonheur

«... on est amoureux qu'à bicyclette»
Philippe Delerm
La journée serait consacrée à la maison de livres. Quelques formulaires à compléter, tant de manuscrits à feuilleter. Et puis finalement. Il vaudrait mieux rester à la maison. Pour les lectures. Plus pressantes, celles-là. Avec l'université qui reprendrait bien un jour. Mais tout à coup, se balançant sur le crochet du couloir, un petit sac rempli de livres à faire rêver. Les livres d'Anna, oubliés là depuis l'automne. Il serait bon de les lui rapporter avant le printemps. Aujourd'hui? Demain? Pas le choix. Il n'y aurait ni maison de livres, ni lectures sérieuses. Que des jardins de mots, des fleurs de papier. Ne restait plus qu'à s'y plonger.

«Chez Philippe Delerm, le bonheur est indissociable de la mémoire, de cette lutte de tous les instants pour échapper au vide, à l’anonymat. Indissociable également du regard que nous portons sur notre vie, sur les gens qui la traversent, certains sans laisser de traces et d’autres qui en modifieront parfois le cours irréversiblement. Indissociable surtout de tous ces plaisirs minuscules qu'il sait si bien décrire»

mardi 17 mars 2009

Cabanes

«Beaucoup de gens dans ce monde habitent des maisons de briques et peuvent ignorer le monde extérieur. Mais mon esprit demeure sous les arbres, à ciel ouvert, reçoit directement les messages que lui apporte le vent, et, du fond de son être, répond à toutes les cadences musicales de la lumière et de l'ombre»

Rabindranath Tagore, La maison et le monde

Pour Anna

Chère Anna,
As-tu entendu, ce matin, les pas sur le toit? Ce n'était pas ton funambule, loin de là. Plutôt des raccommodeurs de ciel, voilà. Apparus aux aurores, ils ont fait fuir les étoiles et dévier le tracé des oies sauvages. Depuis, ils font vibrer les murs et s'effriter les plafonds. Ici, il pleut des cailloux. J'ai fermé la porte du vestibule. Juste au cas. Et je croise les doigts. Pour que tout finisse très vite. En attendant, je prépare des paniers de cailloux. Je t'en garde un tout près. Pour ton balcon, cet été.
Je pense à toi,
Marie

dimanche 15 mars 2009

Les rideaux de pluie


La cabane-maison devrait rester dans l'arbre. Tu partirais. Laisserais derrière la petite véranda et les rideaux de pluie, l'aquarium du vestibule et les grandes symphonies. Tu partirais. Empilerais les boîtes pour une maison au toit bien découpé. T'agripperais à la grande échelle sans plus regarder. En espérant que les plafonds, là-bas, ne soient pas tout aussi barbouillés de nuages.

vendredi 6 mars 2009

C'était l'été

Il y avait la rivière et le trampoline, la grotte hantée et le quai pour rêver. Et ces cabanes fragiles, tout là-bas sur la grève, comme des maisons d'enfants, pour jouer, oublier. C'était l'été. Un soir de septembre, nous étions revenus. Dans la tempête, des babioles oubliées, nos pas contre les planches fatiguées de la cabane. Derrière nous, la porte avait grincé. Une toute dernière fois. C'était la fin. La fin de ces étés.

jeudi 5 mars 2009

Vous attendre

Je vous attendrais à la porte. Avec une robe légère et un bouquet de fleurs. Par la fenêtre, les oiseaux se seraient remis à chanter, la cigale sortirait des limbes. Le ciel serait bleu et vous arriveriez, un à un, comme un jour de printemps. Je vous attendrais. Et soudain, vous seriez là. Tous là.


*Oui, c'est mon aquarelle que vous admirez à l'instant ;)

mercredi 4 mars 2009

La fin de l'Atelier

Tu aurais un nouvel atelier. Un atelier secret où les mots pourraient fleurir à l'abri des regards. Un atelier de papiers, de découpes et de coloris. Juste pour toi. L'Atelier Bleu fermerait ses volets. Juste un peu. Pour un temps.