lundi 29 décembre 2008

Les oiseaux

Au jardin
quelques miettes
la neige
les brindilles

le murmure
du grand chêne
s'étirant
dans le froid

Sur le bleu
un rêve blanc
à portée
de paysage

La mangeoire
n'abrite plus
le chant
des oiseaux

Lou

C'est les vacances.
J'ai retrouvé mes carnets, mes billes, mes pastels.

J'écris une histoire, toute petite.
L'histoire de Lou, une vie de Lou.

vendredi 12 décembre 2008

Quelques jours ...

Plus que quelques jours et ce serait les vacances. Dès lors, elle rangerait les livres au placard, ne garderait sur sa table que ses carnets et couleurs. Dès lors, la vie reprendrait son cours, les jours retrouveraient leurs heures. Il y aurait les promenades et les chocolats chauds, les réveils lumineux et les histoires, tard le soir. Plus que quelques jours et la neige et les fêtes seraient à elle, plus qu'à elle.

mercredi 10 décembre 2008

À la fenêtre, plus un souffle, silence.

Le ciel avait soudain cessé de laisser virevolter la neige. L'avait retenue, lourde de sa chute, très haut dans l'air.

Sur la rue, plus que les traces des passants disparus.

Comme si le monde, sans un bruit, avait lui-aussi cessé sa danse.

mardi 9 décembre 2008

toile d'hiver

Alors que par la fenêtre, les blancs de l'hiver recouvraient le paysage, elle avait sorti de ses boîtes, de ses carnets, tous ses mots, tous ses traits, les avait étalés, papiers épars, sur le plancher.

Il lui fallait retravailler les bleus, les noirs, toucher de nouveau ses traces sur le blanc, avant qu'elles ne soient recouvertes elles-aussi.

Elle avait noué, un à un, de petits bouts de laine trouvés au fond d'un grand tiroir. En avait accroché une extrémité, puis l'autre, au cadre de la fenêtre.

Dehors, le paysage, déjà, n'était plus le même, toile de fond.

Sous la table, les chatons avaient trouvé quelques bouts de laine oubliés et trottinaient, trésors en bouche.

Ses épingles à la main, elle s'était mise à la tâche, superposant ses paysages à la toile, ballet blanc.

Bientôt, ses mots bleus, ses traits noirs, tatoueraient les aplats du dehors, animeraient l'hiver de ses traces, de ses pas.

dimanche 7 décembre 2008

arbres, horizon, mer


Bientôt, il n'y aurait plus que du gris. Elle avait roulé tout le jour, ne s'arrêterait pas pour la nuit. Par la fenêtre, les forêts bordant la route avaient laissé place au rivage, lui laissant à respirer le souffle de la mer. Il faisait froid. Demain, elle serait là.

samedi 6 décembre 2008

les brindilles

Le printemps, puis l'été, reviendraient peut-être. Il suffisait d'y croire, de voir en la lumière l'augure de jours plus jaunes après les blancs de l'hiver. Elle avait conservé chez elle quelques brindilles bien sèches qu'elle tresserait en attendant le retour des matins mauves. Elle y glisserait de petits morceaux de tissus colorés, ceux de ses robes et de ses nappes, capturant ainsi entre les brins tous ses manques à voir, à toucher, à sentir, de la couleur subtile du vent de mai aux épis rougis par le soleil, soir d'août. Tout l'hiver, elle lisserait puis tirerait puis croiserait puis serrerait ses brindilles les unes contre les autres, y entortillerait ses petits bouts de printemps, puis d'été, jusqu'à ce que tout y soit, jusqu'à ce qu'il n'y manque plus rien. Alors, il ne resterait plus qu'à les accrocher, lourdes de leurs saisons, aux poutres du balcon pour que le vent froid les caressant, s'y réchauffe, étonné.

vendredi 5 décembre 2008

Départ



Puis
tes mots fumée
sur la fenêtre froide

formes embuées
contre visage

jeudi 4 décembre 2008

Brunante

Tu tournoierais dans la brunante, striant le ciel de rainures d'or, tu tournoierais sans t'arrêter, yeux clos, lèvres scellées, tu tournoierais pour tous les autres, corps hélice, bras ailés, tu tournoierais à perte de sens, souffle court, cœur silence, tournoierais jusqu'à la fin, pour que le monde, tout autour, tournoierais jusqu'à la fin, pour qu'étourdis tombent les jours.

mercredi 3 décembre 2008

L'heure mauve

Il ferait bon. Ce serait le petit matin. Tu marcherais dans l'herbe, pieds nus. La rosée sur ta peau te ferait frissonner. À un souffle de l'horizon, il n'y aurait que toi pour accueillir le jour. Heure mauve. De la paume de ton rêve, tu laisserais la part dorée de tes iris réchauffer le ciel.

mardi 2 décembre 2008

L'Amoureux 3

Il y aurait des lumières partout. L'Amoureux le lui avait promis.

À la fenêtre, dans les arbres, au ciel, tout autour.

Il y aurait des lumières partout.

Alors l'Amoureux avait enfilé sa cape, sa cape pour voler, et avait tourné très vite sur lui-même...

De sa fenêtre, la fée l'avait vu tournoyer dans les airs et s'élever très haut dans la nuit.

C'était une nuit noire, une nuit sans étoile.

Elle avait fermé les yeux puis les avait réouverts aussitôt.

C'est alors qu'une pluie de fils scintillants avait troué le ciel d'or.

À la fenêtre, aux arbres, dans le ciel, tout autour, leur regard n'étaient plus que lumière.

coups de coeur

Dans une semaine, en classe, il me faudra lire quelques textes de création. J'aimerais peut-être en piger un, deux, ou trois, ici et là sur ce blog. Et je me suis dit que vous pourriez m'aider à en choisir, qu'il serait bien de voir lequel ou lesquels vous ont touchés, marqués, fait plaisir.

Ça vous tente?

La maison



Ils vivraient dans cette maison immense, tout au bout d'un long chemin de terre, cette maison immense avec une cave et un grenier, un atelier et une chambre pour écrire.

lundi 1 décembre 2008

L'anniversaire

Elle s'était éveillée, le cœur battant, comme lorsque toute petite, elle courrait, dès l'aube, vers le lit de papa et maman, pour se blottir entre leurs bras, puis déballer ses cadeaux avant même que le soleil ne se lève.

C'était son anniversaire.

À ses côtés, l'Amoureux dormait toujours, ses rêves encore frais sur le visage. Les petits chats, sous la couette, ronronnaient, cœurs paisibles. Sur la commode, une enveloppe, puis deux, quelques cadeaux tout emballés. Ceux de papa et de maman qui, dans leur lit, loin là-bas, étaient aussi, bien éveillés.

L'anniversaire

Au réveil, de jolies cartes, des mots doux de très très loin.

De beaux papiers à déchirer, du fleuri sur l'oreiller.

Les petits chats, sur la couette, s'agitent, rubans aux pattes.

Matin sucré, matin de fête.
Sur la table, une chandelle.

Matin de fête, matin lumière.

Le petit gris a les moustaches roussies.

dimanche 30 novembre 2008

La neige

C'était un matin de soleil. Le premier depuis trop de jours.

Il faisait chaud dans la verrière, c'était l'été, ciel d'hiver.

À sa corde, la voisine, quelques épingles, de beaux motifs.

Le carrelé faisait automne, dans le vent, un souffle de neige.

samedi 29 novembre 2008

Vision

De nouveau ces matins, tout sourire, sous la couette, ces levers, pieds nus, dans la cuisine déjà lumière, ces longues marches sous le ciel pour aller, puis revenir ...

Elle retrouverait sa rivière, ses champs, sa tuque et ses mitaines, ne craindrait plus le temps, joues rosies, yeux brillants ...

Sortirait ses billes et ses boîtes à boutons, ses ficelles, ses bobines, ses pastels à émotions. Reprendrait ses toiles, ses tablettes et ses papiers, s'y tracerait couleurs, sans attendre, éveillée ...

Elle fouillerait le jour, ses aplats, sa lumière, trouverait les mots pour reprendre la route, trouverait les mots pour reprendre à nouveau, ses carnets, ses crayons, son regard, sa vision .

jeudi 27 novembre 2008

Envolée


Là-bas les blancs
ne seraient plus envolés
Elle soufflerait dans l'air
Effleurerait le ciel
de ses paupières
immobile

mercredi 26 novembre 2008

Échos


Et puis, ce silence, l'écho de la nuit sur la vitre.

Elle aurait aimé voir le ciel, ouvrir les yeux plus grand, encore.

Entendre, peut-être, ce qu'elle avait tu, loin là-bas.

mardi 25 novembre 2008

Averse




Il avait dit ne pleure pas, regarde, la neige.

vendredi 21 novembre 2008

Poussière

Comme un grand vent sans air
une fatigue au souffle

regard blanc

et ces aplats dans le ciel
nuées évanouies

quelques coups de craie

du vide entre les doigts

jeudi 20 novembre 2008

L'herbier - essai

C'était l'automne. La saison parfaite pour un herbier. Passer la journée dans les feuilles, en cueillir quelques unes, s'en faire un bouquet. Elles avaient ri dans la cour, accroupies sous les arbres, chuchotant, joues couleurs. Elles avaient choisi les plus jolies feuilles, des jaunes, des rouges, des oranges, avaient eu envie de les coller immédiatement sur de grands papiers blancs. Ce serait le plus bel herbier de la classe. Elles avaient déposé les feuilles encore humides sur les grands papiers, en avaient coloré les contours aux feutres mauve, bleu et vert. C'était l'automne et leur herbier, ce serait le plus beau de la classe.

mercredi 19 novembre 2008

Partir 2

Elle partirait. Pour son île. Demain, tantôt peut-être. Elle partirait. Avalerait des kilomètres de route et de route, traverserait les montagnes et les rivières et les plaines, roulerait jour et nuit, pour y être. Pour y être. Elle partirait. Retrouverait la mer et son quai et ses rochers. Malgré le vent, malgré l'automne. Elle partirait. Puis il n'y aurait plus qu'elle, plus qu'elle et le ciel, et le sable, et les grands arbres. Plus qu'elle et ses toiles et sa fougue, et sa tempête. Elle partirait. Noierait son regard dans les bleus et les verts et les gris de ses bocaux. Y diluerait sa peine comme on trempe un pinceau.

lundi 17 novembre 2008

L'Amoureux 2


Lorsqu'il avait monté les escaliers menant à leur château, il n'avait vu aucune lumière à travers la fenêtre. À l'intérieur, il avait dû faire appel à ses pouvoirs pour la retrouver tant il faisait sombre.

Sa fée était malade, bien malade.

Alors, il avait empli la noirceur d'une douce chaleur, laissé de côté sa voix très grave de super-héros et pris celle, plus douce, d'Amoureux pour lui chuchoter un rêve, puis deux.

Puis, il avait revêtu sa cape, sa cape pour voler, et tourné très vite sur lui-même ...

Au réveil, la fée avait de nouveau quelques étoiles au regard.

Dehors, le ciel semblait plus bleu que noir. Il neigeait.

Murmures

À chaque fois, c'était la même histoire. Sur la rue, malgré le froid, les colis, les passants, elle figeait devant la vitrine. C'était l'atelier. L'atelier d'Emmanuelle. Un petit coin de rêve où ça sentait bon la terre cuite, où les couleurs se faisaient murmure. Du trottoir, elle ne pouvait quitter des yeux toutes ces tasses, tous ces pots, tendait la main malgré la vitre, comme pour toucher leurs motifs, saisir une part de leurs courbes. Du brun, du bleu, du vert. Elle aurait aimé entrer et porter l'un des morceaux à son oreille. Y capter le souffle de la terre.

dimanche 16 novembre 2008

Estompes

Les matins d'atelier lui manquaient. C'était l'omniprésence de la musique peut-être, ou le plaisir de tacher ses doigts. Et il y avait sa main tremblante, ces courbes, si vraies, là, devant, cette réalité soudaine du trait, plus vibrant, lorsque le modèle la regardait. Elle aimait travailler les corps, les effleurer d'abord, puis les modeler d'ombre et de lumière. D'une touche à l'autre, les pastels, sur ses doigts, puis sur son front, puis sur ses joues, la coloraient un peu de cette chair à saisir.

samedi 15 novembre 2008

Partir 1

Il était parti. Sans un mot, sans un bruit.
Avait ouvert l'œil, sorti un pied, enfilé ses bas, refermé les yeux, pincé les lèvres, respiré, longuement.
Il était parti. Corps vide, regard lourd.
Mis une chemise, un pantalon, senti la lettre, dans sa poche, serré les dents, le souffle court.
Il était parti. La lettre avec lui.
Quelques trucs, un sac, ses clefs, son portable, la porte, le couloir, ses pas, le dehors.
Il était parti.
Derrière ses pas, le couloir, la porte, ses gestes, il ne savait pas, ne saurait plus.

vendredi 14 novembre 2008

La fête


Il y aurait une grande fête dans le jardin. Avec des fleurs, des lanternes, et des gâteaux glacés. Elle pourrait boire dans une flûte ce liquide sucré qu'elle aimait tant, celui avec les petites bulles. Au coucher du soleil, elle fermerait les yeux puis les réouvrirait très vite pour surprendre au ciel tout ce rose et ce orange et ce mauve. Tout autour, ils allumeraient les chandelles à la citronnelle qu'elle aurait insérées dans des bocaux multicolores et laisseraient ces fleurs étranges se mouvoir dans la nuit. Elle resterait sous les étoiles jusqu'à ce qu'elles s'éteignent et que le jardin, une à une, retrouve ses couleurs.

jeudi 13 novembre 2008

La collection

Elle possédait une panoplie de carnets, de journaux et de cahiers dont on aimait bien rire. Des petits et des grands, des rigides et des souples, elle les collectionnait.

Chacun d'entre eux était choisi, portait en ses couleurs son histoire. Une journée particulière, le sourire d'un étranger, un coup de cœur: à l'intérieur, déjà, son souffle en caressait les pages.

Elle aimait le son produit par le glissement de sa plume sur le blanc. D'une courbe à l'autre, elle chuchotait au monde sa présence, le tatouait de bleu.

mercredi 12 novembre 2008

Les étoiles


Pendant la nuit, il avait voyagé à dos de géant.

Dans son sac, il avait trouvé ses boîtes à couleurs.

L'Amoureux 1

Ce matin-là, à la sortie de la douche, l'Amoureux avait noué les coins de sa serviette de bain autour de son cou, ce serait sa cape pour voler.

Ce matin-là, il était un super-héros, il lui ferait des gaufres.

À la table, il avait pris une voix grave, lui avait fait goûter son breuvage spécial, un lait au chocolat, et lui avait transmis quelques pouvoirs en l'embrassant très vite, couvrant leurs visages de sa cape.

Un super-héros amoureux d'une fée, on n'avait jamais vu ça.

Tourbillon

tu aimais les couleurs, les bouquets de crayons, les pastilles à l'eau, les bocaux de pigments, les bâtons poudreux, tu aimais les couleurs, sur les murs, du jaune du orange du vert, aux rideaux, du bleu du turquoise du mauve, sur les tasses, du violet du lilas du turquoise, tu aimais les couleurs, ombres à paupières, crayons contours, brillants à lèvres, poudres à joues, tu aimais les couleurs, boucles roses, breloques vermeille, bracelets corail, barrettes framboise, tu aimais les couleurs, travailler les couleurs, tu aimais les couleurs, t'entourer de couleurs, tu aimais les couleurs, te couvrir de couleurs, tu aimais les couleurs, tu aimais les couleurs

mardi 11 novembre 2008

Lumière

Elle aimait se lever tôt, dans le murmure de l'aube, elle aimait se lever tôt, pour le passage de la lumière.

À sa table de cuisine, elle attendait immobile, à sa table de cuisine, une tasse brûlante entre les doigts.

À la fenêtre, déjà, les pots couleurs se traçaient autres, et l'horloge, animée, marquait de bleu le pouls du jour.

Dehors, les rêves envolés, dehors, le ciel et sa lumière.

Le jour repeignait les carreaux de la fenêtre.

lundi 10 novembre 2008

Éveil

Ce matin

un rose très doux

et le ciel

à ma fenêtre

les dernières feuilles

un collage

jeudi 6 novembre 2008


Sur la rue, ce matin, des sourires sans mitaines.

C'était le printemps, le printemps de l'automne.

mardi 4 novembre 2008

Autre vie

J'aurais aimé être enseignante au primaire.

Pour me lever chaque matin avec, en tête, 28 visages;

Pour faire naître la magie, voir s'illuminer quelques regards;

Pour faire partie, peut-être, de quelque chose de vrai, d'une aventure qui en vaille la chandelle.

Traits blancs

Matin gris
Une chandelle
Dehors
Ferme les yeux

Elles avaient parlé de ce qu'elles écrivaient.
"Et toi, tu écris quoi?"

Blanc

De petites choses
De petits riens

Sur la grève
quelques cailloux

Amas légers
craignant
le vent

dimanche 2 novembre 2008

Novembre

Ils s'étaient promenés tout l'après-midi dans leur quartier.

Les pieds dans les feuilles, le nez au vent, ils avaient d'abord été tentés par la boutique de café, thé, épices et autres douceurs. À l'intérieur, des grains de cafés sur un mur entier, des confitures, miels et pots de fruits confits de bas en haut.... Tout au fond, des bocaux de feuilles et de fleurs de thé à humer, pour le plaisir. Ils avaient repris leur route, sachets de feuilles odorantes en poche.

À quelques coins, une chocolaterie minuscule les attendait. La clochette de la porte n'avait pas eu le temps de sonner qu'ils retrouvaient le trottoir, un sac de gâteaux encore tout chauds à partager. Leur sourire sentait bon.

Colimaçons d'acier, maisons colorées, chats aux fenêtres et parterres à racler, le Plateau s'était fait beau.

Sur le chemin du retour, une table et quatre chaises, des aquariums et un piano. Entre les vases fleuris et les tableaux à admirer, des histoires, des souvenirs ...

Dans la rue, déjà, le soleil laissait place à la fraicheur du soir.

samedi 1 novembre 2008

Ruelles 1

Nous avions parlé, en atelier de création, du caractère particulier des ruelles, de l'étrange coupure existant entre ce monde et la ville.

Hier, au retour d'une promenade, elle était là, soudain, à ma gauche.

Une campagne urbaine.

vendredi 31 octobre 2008

Paysage



J'ai un secret.

Un petit truc à moi.

La corde à linge d'une voisine.



Les après-midis de soleil, elle y accroche les plus beaux foulards, les plus belles couvertures. Rayé, carrelé, bariolé... tant de motifs dans le vent.

Par temps lumineux, je sors pieds nus dans la véranda et laisse les chatons grimper aux fenêtres, mettre les pattes dans les pots de géraniums, simplement pour jeter un œil aux couleurs, là-bas.

Du rouge, du jaune, du orange, du bleu, chaque jour, c'est un peu comme jouer avec le paysage.

L'hiver

Elle avait d'abord cru que la vie lui demandait d'être une fleur.

Puis elle avait rencontré un arbre si fort, si vrai.

Alors elle avait voulu être arbre elle-aussi, pour s'élever vivante vers le soleil.

Mais l'hiver en elle soufflait toujours, la laissant froide, seule à l'intérieur.

Peut-être un jour saurait-elle freiner la tombée de ses feuilles.

Peut-être un jour apprendrait-elle à se libérer de son écorce.

jeudi 30 octobre 2008

Mélanger les couleurs

À l'épicerie, la chanson "Partons vite" de Kaolin.

Cette chanson, je l'ai entendue pour la première fois, chez mon amie Princesse Anna, en décembre.


C'était la plus grosse tempête de neige de l'hiver.

Ce jour-là, beaucoup de vent, des bourrasques, des rafales, de la neige jusqu'aux genoux et pas de bus, surtout.

Allez danse danse
Regarde-moi
Allez tourne et tourne
Ne t'arrête pas

Dans les rues, il fallait cacher son visage, fermer les yeux.

J'avais bravé la tempête pour aller chercher, chez Princesse Anna, LA robe de fée des étoiles, une robe bleue et brillante avec des petites étoiles scintillantes.

Mon pantalon avait dû rester sur le tapis du vestibule d'Anna. Elle avait fait chauffer du chocolat chaud. On avait parlé d'amour en écoutant "Partons vite" sur repeat, la spécialité d'Anna.

Allez danse danse
Viens dans mes bras

Allez tourne tourne

Reste avec moi

Sur le chemin du retour, j'avais croisé des gens en skis de fond sur les trottoirs et j'avais ri, le paquet contenant LA robe de fée bien au chaud, dans mon manteau.

Puis, chez moi, bas de laine aux pieds, j'avais, moi aussi, écouté la chanson une fois, puis deux, puis trois...

Au retour


Hier soir, après les cours...

J'ai remonté la rue St-Denis, admiré ses lumières et ses cafés, laissant sautiller mon ombre à mes côtés.


Sur les trottoirs nous étions deux, parfois trois, l'une devant, l'autre derrière, ou encore côte à côte.

Hier soir, au retour, nous avons ri de n'entendre que mes pas.

Accrochées l'une à l'autre, nous avons salué le froid.

mercredi 29 octobre 2008

Matin d'hiver

Du blanc sur les toits
et dans les arbres aussi

De la buée sur la vitre
cette nuit, de la neige

Ma vitre est un jardin de givre*

Tracés
Le contour d'une fleur
puis d'une autre encore
Un pétale gris, une feuille orange
Tiges escaliers, terre gris ciment

Jardin d'hiver, jardin fragile
Devant, déjà, les traits s'écoulent

Flore liquide, feuillages fuyants
Le jardin s'étire, fait place à la ville


*Nelligan, "Soir d'hiver"

mardi 28 octobre 2008

Miroir


Enfiler un jean, passer une robe, ajuster les boutons d'une petite veste.

Bleu rugueux, coton fleuri, kaki parachute.

Me faire courtepointe, étoffe amalgame,
modèle vivant aux textures étourdies.

Temps de pluie


Sur la table, à la fenêtre, les livres s'empilent, les cahiers somnolent.

Mardi, temps de pluie, l'orangé des feuilles sur le trottoir.

Cahiers spirale puis stylos bille, les chatons grignotent, se roulent en boule.

Dans le couloir, le calorifère soupire,

Réchauffe les guenilles assoupies sur la corde.

Mardi, temps de pluie, le voisin grommelle, les escaliers craquent.

La bouilloire chante à la cuisine, l'heure du café est déjà passée.

lundi 27 octobre 2008

Bientôt

Matin sombre.
C'est à se demander si le soleil se lèvera aujourd'hui.
Le thé aux fleurs de 6h a eu le temps de refroidir sans qu'une seule lueur éclaire la cuisine.
C'est bientôt l'hiver.
Bientôt.

dimanche 26 octobre 2008

Jour de pluie


Jour de pluie.
Un après-midi entier les pieds dans l'eau, sans imper ni bottes de pluie.
Au retour, une corde à linge dans le couloir, bas, pantalons, chapeaux, ouatés...
Les chatons glissent dans les flaques laissées par les chaussures épuisées.

À la cuisine,
Des biscuits au four pour nous réchauffer.
Plus de chocolat qu'il n'en faut :)

Des invités pour la soirée
La petite Marika est là.

Les deux chefs font la salade
Des carottes, des concombres
Des poivrons jaunes en petit morceaux
"Pour que ça croque"

À la table
Des dessins dans le dos
Et des mots secrets aussi
"J'ai des petits chocolats pour toi"

Puis dans la chambre, sans bruit,
Des perles sur le lit.

Sur le parquet, des pastels et des feuilles de papier.
"Les pastels, c'est des couleurs qui s'envolent"
Des sourires, joues couleurs
Les chatons ont les pattes rouges, le bout de la queue rose.

samedi 25 octobre 2008

Un matin comme les autres ...

Tout a commencé par un matin d'automne. Le soleil, par la fenêtre, se faisait invitant et le ciel, si bleu, beaucoup trop charmant.

Tout à l'intérieur, au coeur de ma cuisine, perdue sous les ouvrages de théorie de la création, je me disais qu'il me faudrait bien écrire sur la beauté simple de ce matin, sur le goût particulier de ma tasse de café, sur mon envie, si forte, de sortir mes tubes de peinture, sur ce qu'auraient fait mes chatons de ces mêmes tubes de peinture...

Tout ça en pensant à mes carnets empilés dans la chambre, à ces pages vierges si faciles à éviter, si effrayantes quand on veut tant écrire...

Et si...

Et si je créais un espace différent, un espace où les mots seraient libres de s'inscrire à travers les images, un espace vaste et ouvert, un espace blanc d'où recréer le monde à ma façon?

L'Atelier bleu était né.