vendredi 31 octobre 2008

Paysage



J'ai un secret.

Un petit truc à moi.

La corde à linge d'une voisine.



Les après-midis de soleil, elle y accroche les plus beaux foulards, les plus belles couvertures. Rayé, carrelé, bariolé... tant de motifs dans le vent.

Par temps lumineux, je sors pieds nus dans la véranda et laisse les chatons grimper aux fenêtres, mettre les pattes dans les pots de géraniums, simplement pour jeter un œil aux couleurs, là-bas.

Du rouge, du jaune, du orange, du bleu, chaque jour, c'est un peu comme jouer avec le paysage.

L'hiver

Elle avait d'abord cru que la vie lui demandait d'être une fleur.

Puis elle avait rencontré un arbre si fort, si vrai.

Alors elle avait voulu être arbre elle-aussi, pour s'élever vivante vers le soleil.

Mais l'hiver en elle soufflait toujours, la laissant froide, seule à l'intérieur.

Peut-être un jour saurait-elle freiner la tombée de ses feuilles.

Peut-être un jour apprendrait-elle à se libérer de son écorce.

jeudi 30 octobre 2008

Mélanger les couleurs

À l'épicerie, la chanson "Partons vite" de Kaolin.

Cette chanson, je l'ai entendue pour la première fois, chez mon amie Princesse Anna, en décembre.


C'était la plus grosse tempête de neige de l'hiver.

Ce jour-là, beaucoup de vent, des bourrasques, des rafales, de la neige jusqu'aux genoux et pas de bus, surtout.

Allez danse danse
Regarde-moi
Allez tourne et tourne
Ne t'arrête pas

Dans les rues, il fallait cacher son visage, fermer les yeux.

J'avais bravé la tempête pour aller chercher, chez Princesse Anna, LA robe de fée des étoiles, une robe bleue et brillante avec des petites étoiles scintillantes.

Mon pantalon avait dû rester sur le tapis du vestibule d'Anna. Elle avait fait chauffer du chocolat chaud. On avait parlé d'amour en écoutant "Partons vite" sur repeat, la spécialité d'Anna.

Allez danse danse
Viens dans mes bras

Allez tourne tourne

Reste avec moi

Sur le chemin du retour, j'avais croisé des gens en skis de fond sur les trottoirs et j'avais ri, le paquet contenant LA robe de fée bien au chaud, dans mon manteau.

Puis, chez moi, bas de laine aux pieds, j'avais, moi aussi, écouté la chanson une fois, puis deux, puis trois...

Au retour


Hier soir, après les cours...

J'ai remonté la rue St-Denis, admiré ses lumières et ses cafés, laissant sautiller mon ombre à mes côtés.


Sur les trottoirs nous étions deux, parfois trois, l'une devant, l'autre derrière, ou encore côte à côte.

Hier soir, au retour, nous avons ri de n'entendre que mes pas.

Accrochées l'une à l'autre, nous avons salué le froid.

mercredi 29 octobre 2008

Matin d'hiver

Du blanc sur les toits
et dans les arbres aussi

De la buée sur la vitre
cette nuit, de la neige

Ma vitre est un jardin de givre*

Tracés
Le contour d'une fleur
puis d'une autre encore
Un pétale gris, une feuille orange
Tiges escaliers, terre gris ciment

Jardin d'hiver, jardin fragile
Devant, déjà, les traits s'écoulent

Flore liquide, feuillages fuyants
Le jardin s'étire, fait place à la ville


*Nelligan, "Soir d'hiver"

mardi 28 octobre 2008

Miroir


Enfiler un jean, passer une robe, ajuster les boutons d'une petite veste.

Bleu rugueux, coton fleuri, kaki parachute.

Me faire courtepointe, étoffe amalgame,
modèle vivant aux textures étourdies.

Temps de pluie


Sur la table, à la fenêtre, les livres s'empilent, les cahiers somnolent.

Mardi, temps de pluie, l'orangé des feuilles sur le trottoir.

Cahiers spirale puis stylos bille, les chatons grignotent, se roulent en boule.

Dans le couloir, le calorifère soupire,

Réchauffe les guenilles assoupies sur la corde.

Mardi, temps de pluie, le voisin grommelle, les escaliers craquent.

La bouilloire chante à la cuisine, l'heure du café est déjà passée.

lundi 27 octobre 2008

Bientôt

Matin sombre.
C'est à se demander si le soleil se lèvera aujourd'hui.
Le thé aux fleurs de 6h a eu le temps de refroidir sans qu'une seule lueur éclaire la cuisine.
C'est bientôt l'hiver.
Bientôt.

dimanche 26 octobre 2008

Jour de pluie


Jour de pluie.
Un après-midi entier les pieds dans l'eau, sans imper ni bottes de pluie.
Au retour, une corde à linge dans le couloir, bas, pantalons, chapeaux, ouatés...
Les chatons glissent dans les flaques laissées par les chaussures épuisées.

À la cuisine,
Des biscuits au four pour nous réchauffer.
Plus de chocolat qu'il n'en faut :)

Des invités pour la soirée
La petite Marika est là.

Les deux chefs font la salade
Des carottes, des concombres
Des poivrons jaunes en petit morceaux
"Pour que ça croque"

À la table
Des dessins dans le dos
Et des mots secrets aussi
"J'ai des petits chocolats pour toi"

Puis dans la chambre, sans bruit,
Des perles sur le lit.

Sur le parquet, des pastels et des feuilles de papier.
"Les pastels, c'est des couleurs qui s'envolent"
Des sourires, joues couleurs
Les chatons ont les pattes rouges, le bout de la queue rose.

samedi 25 octobre 2008

Un matin comme les autres ...

Tout a commencé par un matin d'automne. Le soleil, par la fenêtre, se faisait invitant et le ciel, si bleu, beaucoup trop charmant.

Tout à l'intérieur, au coeur de ma cuisine, perdue sous les ouvrages de théorie de la création, je me disais qu'il me faudrait bien écrire sur la beauté simple de ce matin, sur le goût particulier de ma tasse de café, sur mon envie, si forte, de sortir mes tubes de peinture, sur ce qu'auraient fait mes chatons de ces mêmes tubes de peinture...

Tout ça en pensant à mes carnets empilés dans la chambre, à ces pages vierges si faciles à éviter, si effrayantes quand on veut tant écrire...

Et si...

Et si je créais un espace différent, un espace où les mots seraient libres de s'inscrire à travers les images, un espace vaste et ouvert, un espace blanc d'où recréer le monde à ma façon?

L'Atelier bleu était né.