dimanche 30 novembre 2008

La neige

C'était un matin de soleil. Le premier depuis trop de jours.

Il faisait chaud dans la verrière, c'était l'été, ciel d'hiver.

À sa corde, la voisine, quelques épingles, de beaux motifs.

Le carrelé faisait automne, dans le vent, un souffle de neige.

samedi 29 novembre 2008

Vision

De nouveau ces matins, tout sourire, sous la couette, ces levers, pieds nus, dans la cuisine déjà lumière, ces longues marches sous le ciel pour aller, puis revenir ...

Elle retrouverait sa rivière, ses champs, sa tuque et ses mitaines, ne craindrait plus le temps, joues rosies, yeux brillants ...

Sortirait ses billes et ses boîtes à boutons, ses ficelles, ses bobines, ses pastels à émotions. Reprendrait ses toiles, ses tablettes et ses papiers, s'y tracerait couleurs, sans attendre, éveillée ...

Elle fouillerait le jour, ses aplats, sa lumière, trouverait les mots pour reprendre la route, trouverait les mots pour reprendre à nouveau, ses carnets, ses crayons, son regard, sa vision .

jeudi 27 novembre 2008

Envolée


Là-bas les blancs
ne seraient plus envolés
Elle soufflerait dans l'air
Effleurerait le ciel
de ses paupières
immobile

mercredi 26 novembre 2008

Échos


Et puis, ce silence, l'écho de la nuit sur la vitre.

Elle aurait aimé voir le ciel, ouvrir les yeux plus grand, encore.

Entendre, peut-être, ce qu'elle avait tu, loin là-bas.

mardi 25 novembre 2008

Averse




Il avait dit ne pleure pas, regarde, la neige.

vendredi 21 novembre 2008

Poussière

Comme un grand vent sans air
une fatigue au souffle

regard blanc

et ces aplats dans le ciel
nuées évanouies

quelques coups de craie

du vide entre les doigts

jeudi 20 novembre 2008

L'herbier - essai

C'était l'automne. La saison parfaite pour un herbier. Passer la journée dans les feuilles, en cueillir quelques unes, s'en faire un bouquet. Elles avaient ri dans la cour, accroupies sous les arbres, chuchotant, joues couleurs. Elles avaient choisi les plus jolies feuilles, des jaunes, des rouges, des oranges, avaient eu envie de les coller immédiatement sur de grands papiers blancs. Ce serait le plus bel herbier de la classe. Elles avaient déposé les feuilles encore humides sur les grands papiers, en avaient coloré les contours aux feutres mauve, bleu et vert. C'était l'automne et leur herbier, ce serait le plus beau de la classe.

mercredi 19 novembre 2008

Partir 2

Elle partirait. Pour son île. Demain, tantôt peut-être. Elle partirait. Avalerait des kilomètres de route et de route, traverserait les montagnes et les rivières et les plaines, roulerait jour et nuit, pour y être. Pour y être. Elle partirait. Retrouverait la mer et son quai et ses rochers. Malgré le vent, malgré l'automne. Elle partirait. Puis il n'y aurait plus qu'elle, plus qu'elle et le ciel, et le sable, et les grands arbres. Plus qu'elle et ses toiles et sa fougue, et sa tempête. Elle partirait. Noierait son regard dans les bleus et les verts et les gris de ses bocaux. Y diluerait sa peine comme on trempe un pinceau.

lundi 17 novembre 2008

L'Amoureux 2


Lorsqu'il avait monté les escaliers menant à leur château, il n'avait vu aucune lumière à travers la fenêtre. À l'intérieur, il avait dû faire appel à ses pouvoirs pour la retrouver tant il faisait sombre.

Sa fée était malade, bien malade.

Alors, il avait empli la noirceur d'une douce chaleur, laissé de côté sa voix très grave de super-héros et pris celle, plus douce, d'Amoureux pour lui chuchoter un rêve, puis deux.

Puis, il avait revêtu sa cape, sa cape pour voler, et tourné très vite sur lui-même ...

Au réveil, la fée avait de nouveau quelques étoiles au regard.

Dehors, le ciel semblait plus bleu que noir. Il neigeait.

Murmures

À chaque fois, c'était la même histoire. Sur la rue, malgré le froid, les colis, les passants, elle figeait devant la vitrine. C'était l'atelier. L'atelier d'Emmanuelle. Un petit coin de rêve où ça sentait bon la terre cuite, où les couleurs se faisaient murmure. Du trottoir, elle ne pouvait quitter des yeux toutes ces tasses, tous ces pots, tendait la main malgré la vitre, comme pour toucher leurs motifs, saisir une part de leurs courbes. Du brun, du bleu, du vert. Elle aurait aimé entrer et porter l'un des morceaux à son oreille. Y capter le souffle de la terre.

dimanche 16 novembre 2008

Estompes

Les matins d'atelier lui manquaient. C'était l'omniprésence de la musique peut-être, ou le plaisir de tacher ses doigts. Et il y avait sa main tremblante, ces courbes, si vraies, là, devant, cette réalité soudaine du trait, plus vibrant, lorsque le modèle la regardait. Elle aimait travailler les corps, les effleurer d'abord, puis les modeler d'ombre et de lumière. D'une touche à l'autre, les pastels, sur ses doigts, puis sur son front, puis sur ses joues, la coloraient un peu de cette chair à saisir.

samedi 15 novembre 2008

Partir 1

Il était parti. Sans un mot, sans un bruit.
Avait ouvert l'œil, sorti un pied, enfilé ses bas, refermé les yeux, pincé les lèvres, respiré, longuement.
Il était parti. Corps vide, regard lourd.
Mis une chemise, un pantalon, senti la lettre, dans sa poche, serré les dents, le souffle court.
Il était parti. La lettre avec lui.
Quelques trucs, un sac, ses clefs, son portable, la porte, le couloir, ses pas, le dehors.
Il était parti.
Derrière ses pas, le couloir, la porte, ses gestes, il ne savait pas, ne saurait plus.

vendredi 14 novembre 2008

La fête


Il y aurait une grande fête dans le jardin. Avec des fleurs, des lanternes, et des gâteaux glacés. Elle pourrait boire dans une flûte ce liquide sucré qu'elle aimait tant, celui avec les petites bulles. Au coucher du soleil, elle fermerait les yeux puis les réouvrirait très vite pour surprendre au ciel tout ce rose et ce orange et ce mauve. Tout autour, ils allumeraient les chandelles à la citronnelle qu'elle aurait insérées dans des bocaux multicolores et laisseraient ces fleurs étranges se mouvoir dans la nuit. Elle resterait sous les étoiles jusqu'à ce qu'elles s'éteignent et que le jardin, une à une, retrouve ses couleurs.

jeudi 13 novembre 2008

La collection

Elle possédait une panoplie de carnets, de journaux et de cahiers dont on aimait bien rire. Des petits et des grands, des rigides et des souples, elle les collectionnait.

Chacun d'entre eux était choisi, portait en ses couleurs son histoire. Une journée particulière, le sourire d'un étranger, un coup de cœur: à l'intérieur, déjà, son souffle en caressait les pages.

Elle aimait le son produit par le glissement de sa plume sur le blanc. D'une courbe à l'autre, elle chuchotait au monde sa présence, le tatouait de bleu.

mercredi 12 novembre 2008

Les étoiles


Pendant la nuit, il avait voyagé à dos de géant.

Dans son sac, il avait trouvé ses boîtes à couleurs.

L'Amoureux 1

Ce matin-là, à la sortie de la douche, l'Amoureux avait noué les coins de sa serviette de bain autour de son cou, ce serait sa cape pour voler.

Ce matin-là, il était un super-héros, il lui ferait des gaufres.

À la table, il avait pris une voix grave, lui avait fait goûter son breuvage spécial, un lait au chocolat, et lui avait transmis quelques pouvoirs en l'embrassant très vite, couvrant leurs visages de sa cape.

Un super-héros amoureux d'une fée, on n'avait jamais vu ça.

Tourbillon

tu aimais les couleurs, les bouquets de crayons, les pastilles à l'eau, les bocaux de pigments, les bâtons poudreux, tu aimais les couleurs, sur les murs, du jaune du orange du vert, aux rideaux, du bleu du turquoise du mauve, sur les tasses, du violet du lilas du turquoise, tu aimais les couleurs, ombres à paupières, crayons contours, brillants à lèvres, poudres à joues, tu aimais les couleurs, boucles roses, breloques vermeille, bracelets corail, barrettes framboise, tu aimais les couleurs, travailler les couleurs, tu aimais les couleurs, t'entourer de couleurs, tu aimais les couleurs, te couvrir de couleurs, tu aimais les couleurs, tu aimais les couleurs

mardi 11 novembre 2008

Lumière

Elle aimait se lever tôt, dans le murmure de l'aube, elle aimait se lever tôt, pour le passage de la lumière.

À sa table de cuisine, elle attendait immobile, à sa table de cuisine, une tasse brûlante entre les doigts.

À la fenêtre, déjà, les pots couleurs se traçaient autres, et l'horloge, animée, marquait de bleu le pouls du jour.

Dehors, les rêves envolés, dehors, le ciel et sa lumière.

Le jour repeignait les carreaux de la fenêtre.

lundi 10 novembre 2008

Éveil

Ce matin

un rose très doux

et le ciel

à ma fenêtre

les dernières feuilles

un collage

jeudi 6 novembre 2008


Sur la rue, ce matin, des sourires sans mitaines.

C'était le printemps, le printemps de l'automne.

mardi 4 novembre 2008

Autre vie

J'aurais aimé être enseignante au primaire.

Pour me lever chaque matin avec, en tête, 28 visages;

Pour faire naître la magie, voir s'illuminer quelques regards;

Pour faire partie, peut-être, de quelque chose de vrai, d'une aventure qui en vaille la chandelle.

Traits blancs

Matin gris
Une chandelle
Dehors
Ferme les yeux

Elles avaient parlé de ce qu'elles écrivaient.
"Et toi, tu écris quoi?"

Blanc

De petites choses
De petits riens

Sur la grève
quelques cailloux

Amas légers
craignant
le vent

dimanche 2 novembre 2008

Novembre

Ils s'étaient promenés tout l'après-midi dans leur quartier.

Les pieds dans les feuilles, le nez au vent, ils avaient d'abord été tentés par la boutique de café, thé, épices et autres douceurs. À l'intérieur, des grains de cafés sur un mur entier, des confitures, miels et pots de fruits confits de bas en haut.... Tout au fond, des bocaux de feuilles et de fleurs de thé à humer, pour le plaisir. Ils avaient repris leur route, sachets de feuilles odorantes en poche.

À quelques coins, une chocolaterie minuscule les attendait. La clochette de la porte n'avait pas eu le temps de sonner qu'ils retrouvaient le trottoir, un sac de gâteaux encore tout chauds à partager. Leur sourire sentait bon.

Colimaçons d'acier, maisons colorées, chats aux fenêtres et parterres à racler, le Plateau s'était fait beau.

Sur le chemin du retour, une table et quatre chaises, des aquariums et un piano. Entre les vases fleuris et les tableaux à admirer, des histoires, des souvenirs ...

Dans la rue, déjà, le soleil laissait place à la fraicheur du soir.

samedi 1 novembre 2008

Ruelles 1

Nous avions parlé, en atelier de création, du caractère particulier des ruelles, de l'étrange coupure existant entre ce monde et la ville.

Hier, au retour d'une promenade, elle était là, soudain, à ma gauche.

Une campagne urbaine.