dimanche 31 mai 2009

Le banquet

J'ai rêvé à toi cette nuit. Je venais te visiter. Avec de gros bouquets de fleurs dont le feuillage caressait mes joues. C'était tard après la fermeture du petit marché. Tu m'avais ouvert la porte, sans trop regarder. Avais rapidement retrouvé ta chambre au sous-sol. Sur ton lit, elle était là, nue. Vous teniez à la main des bougies d'anniversaire. Elles crépitaient entre vos doigts. Des petits feux d'artifices. Ta mère m'attendait à l'étage. Elle me manque. Je me demande souvent si elle va bien. Dans mes rêves, ses yeux ne pétillent plus. Nous nous sommes installées à une table immense. Une table pour les banquets. Mes yeux ont scintillé: «Tout va bien. Qu'il fasse jaillir les étoiles tout en bas. Je vais bien». Autour de nous, on arrivait par dizaines. Des filles surtout. Avec des fleurs. Des pots immenses. Je ne sais pas si elles venaient pour ta mère ou pour toi. Tu n'étais pas là de toute façon. Comme à chaque fois. La salle s'est vite remplie. Ta mère était assise au bout de la table. Je ne sais pas ce que nous attendions. D'autres chandelles se sont mises à crépiter. On les berçait bien haut dans l'air, juste au-dessus de nos têtes. Et les étincelles retombaient sur nous comme des étoiles qui auraient perdu pied. J'ai cherché ta mère des yeux. Elle n'était plus là. Alors, j'ai repris le chemin du marché aux fleurs. Il était tard. J'ai enjambé la petite clôture, franchi les toiles bleues. Le murmure de la ville s'est fait plus doux. Ça sentait la terre et les pétales fanés. Dehors, la pluie s'est mise à tomber. Je ne sais pas si je suis rentrée à la maison. J'ai le souvenir d'une rue fourmillante. Et de lanternes aussi, ici et là, dans la nuit.

mardi 26 mai 2009

Racines

Un fragment de mes jardins en boîtes ...

dimanche 24 mai 2009

Au marché, nous avons acheté des petits pots de fleurs de toutes les sortes, de toutes les couleurs. Pour remplir nos boîtes à fleurs. Aujourd'hui, c'est l'été sur ma rue. Je pique donc de nouveaux fragments de carnet et retourne au balcon...

Les ourses

Écrire pour rêver le monde et me le raconter ensuite. Pour mieux le voir, le saisir. «Pour inventer le sens du fil qui nous attache». Des étoffes brillantes, quelques étoiles dans un ciel parfois sombre. Puis des fils. D'argent. Des étoiles filantes. Clignement. Scintillement. Devant toi, deux chaudrons renversés, «la Grande Ourse et la Petite Ourse». De deux tracés étranges, une mère et sa petite. Soudain le ciel s'éclaire. Et la nuit prend un tout autre sens.

Éclats

Montréal, matin sombre. Trop de vent, mon parapluie en morceaux. Au coin d'une artère, baignant au milieu de papiers froissés et de bouchons brillants, la souche d'un arbre. Oubliée. Sur le tronc, déposées, mille couleurs, des éclats de céramique. Le casse-tête fragile de saisons évanouies.

samedi 23 mai 2009

Les clochettes

Au retour, la rue Marquette m'a fait du bien avec ces parterres inégaux, ses mauvaises herbes et ses tiges de pissenlits depuis trop longtemps envolés. Au détour d'un arbre, accroupies en bordure d'une clôture, deux fillettes aux robes soleil. «Ça sent les clochettes», a murmuré l'une d'elles. Sous leurs jupes gonflées de vent, un tapis de fleurs blanches. J'ai fermé les yeux. Du muguet.

vendredi 15 mai 2009

Un mois déjà. Sans écrire. Sans mon Atelier. Je me reprends. Épingle ici trois fragments de carnets. Me prépare tranquillement à l'année d'écriture qui m'attend.

Découpes

Un parcours autour de lieux émergents, connus ou inventés. Petites découpes à la dérive. Îlots étranges errant d'un rêve à l'autre. D'une main tremblante, un tracé, hésitant, la recherche d'un fil reliant les points, pour qu'encore et toujours se redessine l'histoire.

Mon histoire, ton histoire

Une histoire toute en images. Avec des mots entre les rires. Pour combler les blancs. Une histoire, toujours, inachevée, incomplète. Rythmée par les pages que l'on tourne, les oublis que l'on soupire. Une histoire fragmentée, comme la vie, comme la grande Histoire. Une histoire à raconter pour que dans les yeux de chacun se rêvent les instants à réinventer.

Broderie

Sur une toile blanche, quelques points d'une broderie inachevée. Çà et là, des bouts de fils bleus et jaunes. Étourdis par le vent. Dans tes jumelles, du tulle, tant de rubans. Des corps tournoyant, la pointe du pied pour seul pivot. La rivière, soir d'août. Le ballet de patineurs aux piqués de ciel.