jeudi 17 décembre 2009

"On sent que si on grandit, c'est pour s'en aller d'ici, ne plus jamais revenir"

Hélène MONETTE, Un jardin dans la nuit

Les loups

Nous jouons au Loup-garou. Tous ensemble au salon. Et c'est presque comme avant mais sans l'été tout autour. Nous avons plus de vingt ans maintenant.

Le maître du jeu nous demande de fermer les yeux. La nuit tombe sur le village. La sorcière ouvre les yeux, les referme, puis la voyante demande à voir une carte, se rendort. C'est ensuite le tour des loups. En silence, on pointe les joueurs endormis, puis le jour se lève. On m'apprend que j'ai été tuée.

La nuit retombe et les villageois retrouvent le sommeil. Pas moi. Je replie mes genoux contre ma poitrine et je garde les yeux grand ouverts. La sorcière, puis la voyante s'activent, referment les yeux. Puis les loups, encore. Mais je n'ai plus peur.

Plus maintenant.

mercredi 16 décembre 2009

Quelques fragments

Mon nouveau projet inclura certains fragments touchant l'univers de la danse, du rêve, mais aussi d'un rapport difficile au corps. Au corps qui change. Mon corps ton corps, cet étrange libellé, c'est un peu ça aussi.

L'étoile

La costumière avait dit, je ne rapetisse plus ton costume, compris. Qu'importe. Ce soir-là, au milieu des masques et des maisons cartonnées, ce serait toi, l'étoile. Une étoile suspendue à des fils depuis trop longtemps tirés.

Ton dos

D'un mouvement à l'autre, ton dos fragile, comme une paroi escarpée entre les lacets du justaucorps. Tu fermais les yeux parfois. Pour que ton corps, toujours plus flou, cesse d'onduler dans les miroirs.

Rubans

En cachette, tu te faufilais entre les pans de tulle et les robes de velours, épuisais les miroirs de la costumière à force d'y laisser danser ton reflet. Ton costume de souris semblait fané contre ta silhouette. Alors tu enfilais la robe colorée de Swanilda, le tutu pailleté de la Reine des Neiges. Dans ton dos, les agrafes cliquetaient, tu serrais bien fort les rubans autour de ta taille.

Tutus et tuniques

Tu carburais à l'odeur de la danse. Celle des chaussons de cuir et des collants oubliés. Celle des tutus ayant trop dansé, des tuniques satinées qu'on se dépêchait d'enlever à la sortie de la scène, comme pour se détacher des corps s'étant trop de fois pliés aux mêmes rythmes, aux mêmes pas.

Souris

Vous prépariez un ballet. Tu connaissais l'histoire. Avec le Lapin, la Chenille et les fleurs qui chantent. Tu étais petite. Trop petite pour participer au spectacle, avait dit la directrice. Mais on t'avait fait un costume à ta taille. Et sur la scène, autour d'Alice, tu avais su faire les pas. Des petits pas de souris.

Les fils

Tu avais grandi avec ton justaucorps et tes chaussons de danse. Tu te pratiquais à être légère et à te tenir très droite. Comme une poupée suspendue à des fils. Il y avait ce gros ballon aussi. Un ballon imaginé. Pour que ton port de bras soit rond et léger. Et ces petits miroirs secrets à l'intérieur de tes paumes. Des miroirs inventés. Il fallait s'y regarder pour que jamais l'image ne s'envole. Lever les yeux très haut en même temps que les bras, pencher la tête d'un côté, puis de l'autre. Le ballon ne devait pas tomber. Les fils ne devaient pas casser.

L'épicerie

Tu ne savais pas danser. Tu t'asseyais dans un coin du studio, tout près de ton papa, regardais tes copines sur le grand tapis noir. Elles dansaient. Toi, tu ne savais pas. Tu n'avais que quatre ans. Un jour pourtant, tu t'étais approchée. Tu avais oublié peut-être. Oublié que tu ne savais pas danser. Tu n'étais pas retournée dans ton coin. Papa, lui, avait pu aller faire l'épicerie.

mardi 15 décembre 2009

Du nouveau

J'ai un nouveau projet en tête. Deux en fait. Peut-être. Alors je me lance. Je laisse aller ce qui vient. Et on verra ensuite pour la forme, le ton, le reste.

Je préfère les débuts. Les débuts d'écriture. Quand tout est encore à inventer, à faire, à décider. J'en suis là. J'en profite.

Comme avant

Cette nuit, lorsque je rentrerai de la fête, de la rue à la porte, de la porte à ma chambre de petite fille, je saurai qu'étendu dans l'obscurité, papa fera mine de dormir. Comme avant. Je saurai qu'il ne fermera l'œil, rassuré, qu'une fois ma lampe éteinte, assoupie. Je ne sais pas s'il dormira.

Tout ça.

On se retrouve autour de cette table. Il neige et dehors, aucune trace de notre rivière jusqu'à loin, très loin. Il y a cinq ans que je n'ai pas donné de nouvelles. Cinq ans que je ne suis pas revenue. Et pourtant. Vous êtes tous là à sourire à mes joues un peu creuses, à chercher mon regard un peu plus triste qu'avant, vieilli. Vous êtes tous là. Avec nos noms inventés. Tout ça.

Le temps qui passe

C'est là qu'il dit: on a arrêté la pilule, enfin, on essaie. Autour de la table, on sourit, on applaudit. Je tape des mains aussi, la peau un peu figée. Poupée. Il parle de l'enfant de l'une, du deuxième de l'autre et le sens du temps qui passe, cette lourdeur qui tombe comme tout d'un coup dans les jambes, me paraît plus clair encore.

dimanche 13 décembre 2009

Magnifique

Les colliers de Charlotte Hosten. De vraies merveilles.
Découvrez son univers ici

mercredi 9 décembre 2009

Vraiment vrai

Je l'ai reçue, la revue. Une enveloppe jaune gonflée, pleine de bulles de plastique. Laissée sur le balcon enneigé parce que trop volumineuse pour passer par la fente de la porte. À l'intérieur, ma revue. Ou du moins mon texte, un peu enfoui. Juste au milieu.

Les pages étaient toutes gondolées de leur journée dans la neige. Pas grave.

C'était encore plus beau que prévu.

En librairie le 15 décembre.

mardi 8 décembre 2009

Yvonne

Mes copines m'ont offert une adorable mouche pour mon anniversaire. Elle se nomme Yvonne et provient d'une famille de mouches bien particulières confectionnées par Céline Malépart, illustratrice pour la jeunesse.

Vous trouverez sa joyeuse bande (ainsi que ma Yvonne) ici.

Ça me donne envie de créer une page pour exposer mes bijoux et pièces de poterie...

vendredi 4 décembre 2009

"Maman"



Un de mes textes sera publié dans le prochain numéro de la revue Zinc.

Un spécial "Naissances" dont voici la couverture.

Pour plus d'infos sur le numéro: cliquez ici

En librairie le 15 décembre :)