samedi 6 décembre 2008

les brindilles

Le printemps, puis l'été, reviendraient peut-être. Il suffisait d'y croire, de voir en la lumière l'augure de jours plus jaunes après les blancs de l'hiver. Elle avait conservé chez elle quelques brindilles bien sèches qu'elle tresserait en attendant le retour des matins mauves. Elle y glisserait de petits morceaux de tissus colorés, ceux de ses robes et de ses nappes, capturant ainsi entre les brins tous ses manques à voir, à toucher, à sentir, de la couleur subtile du vent de mai aux épis rougis par le soleil, soir d'août. Tout l'hiver, elle lisserait puis tirerait puis croiserait puis serrerait ses brindilles les unes contre les autres, y entortillerait ses petits bouts de printemps, puis d'été, jusqu'à ce que tout y soit, jusqu'à ce qu'il n'y manque plus rien. Alors, il ne resterait plus qu'à les accrocher, lourdes de leurs saisons, aux poutres du balcon pour que le vent froid les caressant, s'y réchauffe, étonné.

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